Françoise Huguier

Au doigt et à l’œil

Pays Dogon

Selon leur tradition orale, les Dogons seraient partis du Mandé, région située au sud-ouest du Mali, entre le XIe  siècle et le XIIIe  siècle et auraient immigré vers les montagnes pour éviter l'islamisation ou à la suite d'une querelle, la première raison ayant peut-être entraîné la seconde. Le "sigui" est la plus importante cérémonie du peuple dogon. Étudiée à partir de 1931 par Marcel Griaule qui mourut en 1956 sans avoir pu y assister, elle a été décrite et filmée par Germaine Dieterlen et Jean Rouch dès 1967. Cette cérémonie, qui a lieu tous les 60 ans, coïncide avec la position d'un satellite de l'étoile Sirius, l'étoile du "sigui", "sigui tolo". Lorsque je suis retournée au Mali sur les traces de Michel Leiris, j’ai eu la chance d’assister à la cérémonie – sur échasses et avec les masques – d’enterrement d’un « chasseur ». Les masques sont très répandus et variés, parmi lesquels se distingue celui monumental qui représente le serpent iminama, atteignant dix mètres de hauteur. Les “portes de grange”, enrichies de reliefs liés à la cosmogonie, sont également caractéristiques. Le chef du village m’a invitée à visiter la toguna, la maison où il débat avec les sages des problèmes de la communauté. C’est une construction ouverte érigée en général au centre des villages dogons, d’une hauteur insuffisante pour se tenir en position debout, de façon à obliger les participants à s’asseoir et à parler posément.