Sublimes
Quinze ans de fréquentation assidue des ateliers et des défilés, de présence discrète autour des cabines et des studios, ont permis à Françoise Huguier de déjouer l’image figée, devenue classique, de la couture et de la mode. Avec elle la mode renaît en tant qu’objet artistique. Ces années passées au coeur de cette tribu lui ont permis de construire un regard capable de donner vie aux éléments les plus secrets des savoir-faire et aux splendeurs somptueuses des matériaux.
La mode est l’art même de l’éphémère. Il fallait la capter dans l’instant où elle passe. Au milieu de la foule, Françoise Huguier nous donne l’impression qu’elle est seule spectatrice du rituel auquel elle nous initie.
Art du mouvement, du vêtement et du corps, la mode arrache ceux-ci au quotidien et les projette sur l’écran de nos rêves. Un pli, un drapé, l’insolite d’un reflet ou le détail isolé d’un tissu, cadrés par la photographie, concourent à l’assomption de ces mystères sublimes.
Dans l’alchimie des lumières, la photographie joue avec les formes élaborées par les couturiers, elle pénètre dans l’intimité de leurs artifices, se nourrit de leur création pour composer et recomposer ensemble les couleurs et les mouvements, créant un univers qui s’évade des contraintes des magazines et de la mode-spectacle.
Les photographies de Françoise Huguier, là où la beauté et la séduction féminines dissimulent souvent d’autres enjeux, inventent une mythologie et un art qui deviennent la source véritable de l’inspiration photographique.